Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
L’Évangile d’aujourd’hui porte sur la vanité et sur la manière dont elle peut être surmontée. Zachée était un homme riche, un homme connu dans sa ville, un homme que tout le monde pouvait reconnaître à cause de son injustice et pourtant quelque chose changea en lui quand il entendit parler de Christ et qu’il voulut le voir. Il y avait probablement d’abord une attraction un peu malsaine, celle de voir un people dirait-on aujourd’hui, voir le nouveau prophète d’Israël. Mais même cela n’aurait pas été suffisant pour le pousser à faire ce qu’il a fait. Dans la foule, parce qu’il était trop petit, il grimpa dans un arbre. Cette démarche ne convenait certainement pas à son rang ce qui lui valut des rires, des moqueries. Cependant il désirait tellement voir le Christ, il lui importait tellement de le voir qu’il était prêt à se laisser moquer et à se tourner lui-même en ridicule.
À travers toute cette foule, le Christ ne vit qu’un seul homme, lui, Zachée qu’il appela à descendre afin de se rendre dans sa demeure. La vanité que Zachée surpassa est la condition même de notre âme, cette condition misérable par laquelle nous avons peur du jugement des autres, par laquelle nous tirons notre valeur, notre honneur au travers du jugement de ceux qui nous entourent. Tout est vanité, car les choses pour lesquelles nous sommes loués sont vaines, vides, insipides par rapport à la grandeur du don qui fut accordé à l’humanité.
Nous ne nous retournons pas lorsque les personnes capables d’un jugement sain et parfois sévère nous présentent un portrait différent de celui que nous nous faisons de nous-mêmes. Cela rend ces louanges doublement vaines, leur substance nulle. Saint Jean Climaque dit que la vanité est l’attitude de celui qui a peur des hommes et est arrogant devant la face de Dieu, qui pense que le jugement de Dieu importe peu, pourvu qu’il ait l’approbation de ceux qui l’entourent. N’est-ce pas là une véritable description de la manière dont nous nous tenons dans la vie, de la manière dont nous sommes prêts à oublier le jugement de Dieu pourvu que nous nous sentions soutenus par le jugement des hommes ?
Quel est le chemin alors ? Zachée nous montre une voie : ne vous souciez pas du jugement des hommes parce que le jugement de Dieu, la présence de Dieu, ou peut-être le jugement de celui qui ne nous louera sont autant de vérités plus importantes. Zachée ne savait pas qui était le Christ et qu’il était le Fils de Dieu fait homme, mais il savait que le Christ était un homme intègre et il voulait le voir, le rencontrer face à face. Saint Jean Climaque nous dit que le moyen de nous débarrasser de la vanité est l’humilité. Saint Isaac le Syrien de son côté affirme paradoxalement que le chemin de l’orgueil est tout aussi vrai, si ce n’est que l’un nous donnera la vie et l’autre nous apportera la mort.
Amen.